Head above water - Rae

Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls ce n’est que par notre amour et l’amitié que nous pouvons créer l’illusion d’un instant que nous ne sommes pas seuls. orson welles.

Mon regard était posé sur son dos et j'espérais réellement, ou plutôt je priais même, pour qu'elle se retourne. Je sentais le froid mordant de l'extérieur attaquer mon visage qui lui pourtant, bouillonnait. Ce fut un soulagement lorsqu'elle me fit face à quelques mètres. Je ne devais plus avoir l'air de grand chose, tremblante et les larmes aux yeux, j'avais tout de la fille qui avait passé une terrible soirée et qui attendait son prince charmant pour la réconforter. Pour mon histoire, il ne s'agissait pas vraiment d'un prince mais plutôt d'une princesse charmante. Je ne pouvais pas décrire ce qui me rendait comme addict à elle, c'était indescriptible, mais elle avait su attiser en moi des sentiments que je pensais enterrés pour de longues années.

Elle s'approcha de moi, encore, si proche que je me demandai si elle n'avait pas su trouver les freins. J'hésitai à reculer d'un pas mais elle ne m'en laissa pas le temps; posant doucement ses doigts sur mes joues bouillantes, elle m'embrassa. Cela suffit à semer le doute dans mon esprit, plus qu'il ne l'était déjà. J'aurais sûrement dû la repousser mais au lieu de ça, je cueillis ce baiser comme la plus belle fleur d'un jardin. Cet instant me parut une éternité et j'aurais souhaité qu'il dure plus longtemps encore. C'était ainsi que je voulais ma relation avec elle. Douce, chaleureuse, posée, ce baiser reflétait ô combien je la voulais auprès de moi. Je sentais une foule d'émotion et de questions se bousculer de mon cerveau à mon ventre. Si bien que quand elle se recula, j'hésitai à la retenir pour prolonger cet instant, celui qui définissait parfaitement ce que je voulais d'elle.
Mais je ne le fis pas. Lorias ne pouvait être entravée de mes bras qui lui sembleraient être des chaînes.

Avec la proximité de son corps, je crus sentir une vibration venant de sa poche. Elle me dit qu'elle devait vraiment y aller, pour travailler. Quel boulot pouvait l'appeler si tard dans une nuit en pleine semaine ? Mais l'heure n'était pas aux questions. En réalité, à quoi était-elle ? Elle me disait devoir partir et avec cet acte, j'avais décidément encore moins envie de la laisser s'en aller. Je vis dans sa réaction combien ça devait être difficile pour elle également, comme elle osait à peine me regarder. Je ne savais plus quoi dire. Elle devait certainement avoir volé ma langue dans ce baiser car aucun mot ne sortait de ma gorge. Je ne m'étais encore pas remise des derniers évènements qui s'étaient enchaînés bien trop vite pour mon coeur qui battait à tout rompre. Je cherchai son regard mais ne le trouvai décidément pas, je voulais la prendre contre moi mais n'en trouvai décidément pas la force. Je ne pouvais pas la retenir plus longtemps.
-... Merci, merci, bégayai-je bêtement, déstabilisée. Il fallait au moins que je la remercie, pour les cadeaux, le restaurant, le baiser, même si je ne savais pas ce qu'il signifiait. ... Travaille bien. Je cherchais mes mots et ne savais pas quoi lui dire d'autre. Si nous avions eu plus de temps, j'aurais peut-être répondu à l'appel nouveau de ses lèvres, je l'aurais peut-être serrée contre moi, ou peut-être lui aurais-je offert un chocolat chaud. Mais je n'avais pas assez de temps pour atterrir et réagir, alors je restai là, ébranlée, redoutant le moment où elle s'en irait pour de bon.