William Hudson

Je m’appelle William Hudson et j’ai 42 ans. Dit comme cela, je passe pour un alcoolique anonyme qui vient se présenter à sa première réunion. Bon, je bois dans les soirées, mais je ne suis pas alcoolique. Haha ! Bon, soyons sérieux. – J’ai un penchant pour les blagues nulles, je vous préviens. –

Je suis né à Édimbourg, en Écosse dans une belle et grande maison entouré de mes parents Cathrin et Fergus puis, de mon frère aîné Lex. Outre la richesse humaine qui ne fait aucun doute chez les Hudson, mes ancêtres ont tous été des potentiels de l’anima du lion depuis des générations, mon père ne faisait pas exception à la règle. Mon grand-père avait même été l’élu du lion, mais pas mon père.

Peut-être était-ce pour cette raison qu’il était un homme dur, presque cruel par moments souhaitant voir rejaillir le pouvoir du Syphon chez les Hudson. Je n’étais rien pour mon père alors. C’était mon frère, de quatre ans mon aîné, qui accaparait toute l’attention de notre père.

Enfant, je n’avais été que le petit frère de trop et pleurnichant dans les bras de sa maman après être tombé une fois de plus d’un arbre. – Hé oui, j’étais curieux, mais aussi tellement maladroit. – Au moins, je pouvais faire ce que je voulais à l’inverse de mon frère. J’ai toujours admiré Lex. Il était un véritable héros pour moi. J’aspirais à devenir tel que lui.

J’avais quelques amis à l’école, mais sans plus. J’étais un élève normal, dans une école normale d’Édimbourg avec des notes normales. Je restais, la plupart du temps, dans mon cercle d’amis et j’appréciais le football et la musique. J’aime toutes les sortes de musiques et de chansons sauf le Heavy Metal. Le rap, dans ses paroles, prend tout son sens ne vous en déplaise. Je préférais quand même les chansons de ma décennie de naissance telle Imagine de John Lennon. J’étais un peu rêveur, je dois l’avouer. J’étais moi. Un mélange de médiocrité que mon frère surpassait à tout coup. Parfois, je me demandais si je n’avais pas été adopté. Mon frère, malgré la violence que lui prodiguait notre père, résistait à tout. Maman m’a dit un jour que papa en en avait assez de ne pas voir le potentiel de l’anima du Lion en Lex. Donc, il devenait plus maussade et cela se transforma en violence. Maman m’a aussi dit que grand-père avait été très en colère contre papa. Papa n’a jamais été un élu du Lion. C’était comme si, selon maman, notre père se vengeait maintenant sur nous ses enfants, mais surtout sur mon frère.

Une nuit, je sus inconsciemment que ma vie changerait du tout au tout. J’avais 10 ans et j’avais rêvé de l’anima du Lion. Il s’était penché sur moi. Sa splendeur me fit fléchir, mais je tenais bon. Je souriais. – Je crois que même si je fais de l’Alzheimer un jour, je n’oublierais pas ce rêve. – Il devait être 6 h : 00 du matin lorsque je me réveillais. Toutefois, je ne fis même pas attention à mes bruits de pas ni rien d’autre. Je me ruais en bas de l’escalier pour prévenir mon père. J’étais fier. J’avais vu l’éclair de bonheur qui traversa le regard de mon père au même moment. J’espérais qu’il oublie alors grand-père.

Mon père devenait plus présent pour moi délaissant totalement mon frère. Pire, mon frère rêvait lui d’un autre anima. Lex fut un déshonneur pour la famille Hudson. Ma mère due se rendre à l’évidence de l’envoyer en Allemagne, chez nos grands-parents maternels. Je faisais la fierté de mon père, mais je perdis un frère que j’admirais, j’adorais.

Je n’avais que peu de temps pour moi dans les années suivantes. Mon père s’assurait que je réussisse bien mes cours surtout en science, en langues et en mathématiques. Je suis même entré dans l’équipe de football de l’école à Édimbourg. J'aime faire du sport encore aujourd'hui. Mon père m’aidait énormément et mes notes à l’école se transformèrent. Je passais d’un adolescent boutonneux et médiocre à premier de classe et populaire. J’aimais cela. J’ai organisé plusieurs fêtes en ville et ce fut à l’une d’elles que j’embrassais pour la première fois une fille. – J’étais complètement bourré, mais ne le dites pas à mon père eh. –

Certes, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à Lex. Parfois, lorsque je me sentais vidé de corps et d’esprit, je ressentais ce vide droit à mon cœur. J’allais alors parler avec ma mère. Elle me parlait beaucoup de Lex et je savais donc qu’il vivait correctement malgré tout. Je sais qu’il me détestait. Il ne m'a jamais écris pour tout dire.

C’est à cette époque que j’ai commencé à jouer de la guitare. C'est venu comme cela. J’en jouais au retour de l’école avant que mon père revienne à la maison ou chez des amis ou même seul dans la forêt, tard le soir. J'aimais me retrouver seul parfois. Encore aujourd'hui, je suis à l'aise au cœur de l'action, mais parfois le besoin se fait sentir de me retrouver seul avec moi-même. À l'époque, tout ce que mon père me demandait était si lourd à porter. J’avais mon nom de ma famille sur les épaules. Libre toute mon enfance, me voilà enchaîné à un destin dont je ne connaissais même pas la taille à cette époque.

J’entrais à l’Académie des Lions à 15 ans. Nous étions toujours peu de potentiels du Lion comme s'il cherchait très minutieusement ceux qui lui font honneur. Je n’avais aucune difficulté dans mes cours. C’était peut-être mon père ou bien moi : peut-être un peu des deux. Je me sentais en confiance de pouvoir réussir. J’avais de brillants résultats même. Je choisis d’apprendre le français et l’espagnol pour la notoriété de la première et le grand nombre de pays dans lesquels se trouve la seconde. Je connus plusieurs potentiels d'autres animas à cette époque, mais une en particulier m’attirait.

C’était une jeune femme un peu timide, mais curieuse et vive d’esprit. Elle s’appelle Zelda. On travaillait souvent ensemble sur nos projets de cours. Rougissant, Zelda me demanda une fois pourquoi un potentiel du Lion voudrait travailler avec elle ? Et moi, je répondais dans un sourire : Pourquoi pas ? Il y a une loi contre le fait que je peux travailler avec toi ? Et elle rigola timidement. J’aimais bien son rire. J’avais 18 ans lorsque nous nous embrassâmes pour la première fois.

J’obtins mon diplôme à l’académie avec d’excellents résultats. J’étais très fier de moi, car si cela n’avait pas été de mon père tout ceci n’aurait pas été possible. Je suis très reconnaissant envers mon père d’avoir fait de moi, un véritable homme. Cependant, je sais que tout ceci n’aurait pas pu être possible si mon frère avait toujours été le préféré de mon père. Je n’ais pas pu m’empêcher de ressentir un pincement au cœur alors. C’est aussi de ma faute si Lex n’était plus en Écosse avec nous.

Peu importe, comme je ne pouvais pas faire d’études de droit pour devenir avocat faute de diplôme dans le monde humain, je décidais de bâtir ma propre entreprise à Édimbourg. En fait, j’avais l’ambition de faire quelque chose de bien pour les humains depuis plusieurs années déjà. Je souhaitais œuvrer dans la construction de maisons écologiques. – J’étais adepte du développement durable avant l’heure que voulez-vous - En 1997, je passais, aux yeux des humains, pour un véritable hippie sortie des années ‘70. Pourtant, auprès de l’Alliance j’avais les valeurs de l’équilibre des forces de la nature tel les Anima nous le montrent.

Sans hésitation, Zelda devenait ma principale associée en Liam’s Ecoconstruction. – Pas mal eh comme nom. – Puis, avec force détermination on se trouva un troisième associé. Il s’appelait Shawn. C’était un Américain déménagé au Royaume-Uni souhaitant faire percer son entreprise de construction écologique en Europe. – Apparemment, cela ne fonctionnait pas vraiment aux États-Unis. -  Mais c’était difficile voire très difficile pour nous. J’ai du passer plus de temps en comptabilité en trois ans qu’avec mon père pendant les 10 dernières années. Je m’attriste du déséquilibre entre la nature et la société. Si les gens continuent ce déséquilibre, on court droit dans un mur déjà visible à l’horizon. À 23 ans, je faillis finalement vendre Liam’s Ecoconstruction. J’étais amer envers beaucoup de choses.

La même année, j'eus une journée très frustrante au travail pour cause d'une énorme dispute avec Shawn. Il voulait qu’on soit moins stricte dans notre vision éco-responsable ce qui nous permettrait d’acheter des matériaux coûtant moins chers et donc d’augmenter notre rentabilité. J’avais obstinément refusé. On n’allait pas changer notre vision juste pour de l’argent. Non ! On allait réussir. Il fallait juste mieux organiser l’entreprise. Puis, lorsque je rentrais à la maison, je surpris aussi mes parents à se disputer et durement. Déjà en colère de ma journée, j’allais m’enfermer dans ma chambre pour jouer sur ma guitare.

Ce fut juste quelques heures plus tard que ma mère ouvrait doucement la porte s’excusant pour le ton et m’expliquant de quoi il en retournait avec papa. Ce dernier venait de partir en Allemagne pour voir Lex. En fait, mon frère aîné était un potentiel de l’Araignée et apprenait auprès de son élue. Ma mère pleurait à chaude larmes et je n’eus d’autre choix que de l’enlacer tendrement. J’avais réellement peur de ce qui pourrait arriver.

Et cela arriva que deux jours plus tard. Nous recevions une lettre de grand-mère. Je lus que mon frère avait tué mon père. J’en tremblais de mes membres. Je ne sais pas comment je réussis à me rendre jusqu’à la toilette pour y vomir. J’en avais des crampes énormes à l’estomac. Pourquoi Lex tua notre père ? Pourquoi ? Je le détestais. Non, je le haïssais.

Trop de pensées me venaient à l’esprit. Je n’arrivais plus à les commander. Je me sentais coupable même d’avoir été à l’origine de ce parricide ayant été dorénavant le préféré de mon père. Je pleurais, j’étais en colère, je réfléchissais et je ne mangeais presque plus. Ma mère s’en effrayait même. Mais je voulais comprendre. Je ne voulais pas sortir de cette chambre tant que je ne comprenais pas pourquoi mon frère avait fait cela. Parce qu’il était un potentiel de l’Araignée ? Peut-être … Je restais dans cette chambre pendant 20 jours. Aujourd'hui, je me rends compte avoir pu mieux gérer. À 23 ans, j'avais été mortifié. On m’avait laissé plusieurs messages sur le répondeur à commencer par Zelda stipulant que Shawn avait finalement démissionné, mais que je pouvais prendre mon temps. Que Liam's Ecoconstruction ait des problèmes m'avait fait presque sortir de ma chambre. Pourtant, je me rappelais que ... Non. Après tout, c'était encore de ma faute. Il y avait eu aussi Agathe qui appela et beaucoup d’autres … Mais je voulais comprendre. Lex était un potentiel de l’Araignée. Il était une honte pour la famille. Je le savais, mais je ne pouvais pas empêcher un pincement au cœur à chaque fois que je pense à lui.

Alors, les potentiels du lion furent soudainement appelés, car son élu était décédé. Je savais devoir y aller. J’avais un devoir. Comme si on me forçait à me lever et reprendre ma vie en main. Je n’étais pas un médiocre. J’étais William Hudson et bien malgré ma perte de poids, je m’habillais comme il se devait et donnait une attitude forte, presque sévère. Les autres semblaient avoir peur de moi, même. Je crois que j’ai perdu ce qui me restais de mon innocence à ce moment précis. Je ne savais pas ce que le Lion ferait de moi, mais je savais ne pas être faible. J’en étais incapable. Je devais venger mon père et montrer à mon frère ce qu’il aurait dû faire.

Chaque Potentiel du Lion devait passer un rite de passage dans lequel nous étions assis sur une chaise et connectés à des électrodes. Les portes apparaissaient dans mon esprit. Il y en avait une dizaine dont je ne me rappelle pas toutes en détails. La première porte fut la plus facile, car je devais vaincre ma phobie des araignées. - Ironiquement, j’avais toujours eut horreur des araignées. - Une autre porte m’a été de ressentir le tract d’être devant une foule. Les gens m’observaient avec des yeux de poisson rouge comme si j’étais un idiot. Je ne cillais même pas. En fait, cela m’aida de les imaginer comme cela. Malgré mon éloquence et mon charisme, j’ai toujours eu peur de parler devant une assemblée. J’ai peur de faire une gaffe, de ne pas être à la hauteur des attentes. Les deux dernières épreuves avaient été, je m’y attendais, d’affronter mon père puis, mon frère. Devant mon père, j’ai rejeté quelques larmes. Certes, je voulais aussi rendre justice à mon père et je soutins ses coups et ses mots comme je l’avais toujours fait durant mon adolescence. Ce fut plus difficile avec mon frère. Je pensais me ruer sur lui, l’attaquer. J’étais à deux pas de prendre cette image de lui en mon esprit et de tordre son cou. Mais je ne l’ai pas fait.

C’est juste plus tard que je compris la force de mon geste lorsque le Lion vint me parler un soir à mon nouveau bureau de membre de la Trinité. « Toute lutte est vaine William. Un leader ne s’encombrera pas de vengeance. » Le Lion est un mentor pour moi - même si ses conseils sont souvent flous, haha, - mais aussi un ami. J'aime bien le taquiner parfois et ... Il rétorque évidemment.

Et grâce au Lion, j’ai compris que je ne devais pas chercher à me venger de Lex. La colère et la peine se dissipèrent donc de jours en jours, de semaines en semaines et de mois en mois. En prenant mon rôle de Syphon à la Trinité, j’appris aussi que Lex créait La Confrérie s’opposant, ainsi à l’Alliance. J’espérais qu’il ne souhaitait pas commencer une guerre contre moi ou, pire, contre tous les Animas.
Je faisais montre de très peu d’émotion et je crois être un Syphon juste et bon. On me dit souvent loyal et d'une droiture impeccable. Maintenant que la Confrérie rôdait, l’Alliance devait être doublement prudente et encore plus protéger ses membres. Nous devions, la Trinité, nous assurer quiconque commettait un acte illégal serait puni: pour leur propre sécurité.

Au début, je m'étais jeté corps et âme dans mon travail pour en oublier mes tourments. J’avais encore peur de ne pas être à la hauteur pour tout dire. – Et ne pas mentionner que je suis entré une fois maladroitement dans la salle-de-bain des femmes lors d’une envie pressante. À mon grand damne, Agathe et évidement le Lion me rappellent encore le pervers inconnu des toilettes des filles. Pfft. - Enfin, j’ai eu d’autres moments maladroits comme membre de la Trinité à mes débuts. Je me demandais si j’avais vraiment été le bon élu. Et le Lion me rassurait, en quelques sortes, avec ses phrases plutôt poétiques : « Le doute est signe de sagesse. »

Je n’abandonnais pas Liam’s Ecoconstruction pour autant. Zelda et moi, nous avions trouvé un autre associé et ensemble commencions à cumuler les contrats de constructions. Comme si Shawn avait attiré le mauvais sort sur nous en étant aussi négatif. Liam’s Ecoconstruction restait petite, mais fleurissait agréablement. J’aimais travailler pour cette entreprise que je créais de mes mains. Aujourd'hui, j'y ais laissé quelques responsabilités, mais je ne pourrais jamais y renoncer. Cette entreprise me permettait de sortir un peu la tête de la politique des Conseils et de la justice des procès.

Mais un jour, je savais que quelque chose n’allait pas avec Zelda. Elle était devenue depuis peu professeur à l’Académie, mais ce n'était pas cela le problème. Nous avions alors 33 ans. Elle se faisait distante et nous nous disputions bien plus souvent qu’autre chose. Elle revenait constamment sur le fait que je travaillais trop. On n’était jamais ensemble. Enragé, je suis partie loin et toute une nuit je courus pour me vider la tête en forêt. À mon retour, je lui proposais de partir deux semaines en vacances en France.

Ce fut, je crois, les meilleurs moments de mon existence. Nous nous fiançâmes avec le pont du Gard en arrière-plan. J'aime tant Zelda. Elle a vu en moi comme dans un livre ouvert. Je ne sus pas comment elle fit. Nous nous sommes mariés un an plus tard dans le jardin du château d’Édimbourg. Je ne me rappelle plus avoir été triste ou réellement en colère avec elle par après. Elle est un rayon de soleil à la fin de mes journées chargées. Je devenais papa d’un petit garçon à 36 ans. Je dois avouer avoir peur de faire les mêmes erreurs avec lui que mon père le fit avec mon frère. Que devais-je faire pour qu’il grandisse en beauté et en bonté ? Sera-il un Potentiel du lion ? Et s’il ne l’est pas ? Est-ce que je l’aimerais toujours ? Je crois qu’il ne faut pas trop que j’y songe, car cela me rend nerveux.

Alors, voilà mon histoire. Je fus un petit garçon abandonné de son père devenant un potentiel du Lion puis, finalement son élu devenant le Syphon. Je crois, cependant, que ma famille est ma plus grande réussite. En pensant à elle, je dois être bien plus adroit comme membre de la Trinité. En 2018, nous avons justement passer un décret stipulant que « tout rebelle rejoignant la Confrérie sera considéré comme un criminel et sera chassé. » Puis, en novembre dernier un homme s’était présenté au Château d’Édimbourg clamant faire partir d'un groupe appelé la Résistance. Il fit une menace ressemblant à une déclaration de guerre. Si nous n’arrêtions pas nos crimes, ils nous révéleraient au monde entier. Il a été exécuté devant toute l’assemblée. Il fallait se montrer fort, car de cette manière ils y penseront sûrement plus longtemps avant de recommencer tout comme certains qui pourraient vouloir les rejoindre. Nous doutons qu’ils révéleraient les Animas au monde si on tuait des leurs. C'était impossible. Puis, ne l’auraient-ils pas déjà fait de surcroît ? Cela ferait réellement tomber le monde dans le chaos. Nous ne serions plus en sécurité nulle part et là, je ne parle pas seulement des élus et des potentiels.

Enfin, j'espère qu'il n'y aura pas de guerre.