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I want it all My life, it comprises of losses and wins and fails and falls
« Descend. Je t’avais dis de pas courir avec cette voiture. Tu l’as trop poussé. »
Aurore garde une main sur le volant et son regard roule de son ami à la route fixe devant elle. Il avait raison, mais cette Ferrari était et resterait son modèle favori parmi tous les autres ; qu’ils soient plus puissants, plus rapides, plus confortables... Ils avaient tous le même défaut : celui de ne pas être cette voiture, de ne pas raconter la même histoire, de ne pas donner les mêmes sensations ; Et si elle était accro à l’adrénaline procurée par un bolide plus récent, elle l’était davantage au sentiment de nostalgie que lui procurait cette voiture d’un rouge si flamboyant qu’elle paraissait aussi neuve qu’à l’origine.
« Aller, Aurore. Rapidos. »
La voix de son ami la ramenait à la réalité, là où elle ne pouvait plus se bercer de ses souvenirs d’adolescence. Elle cligne alors des yeux et étire ses sourcils en pinçant son arcade sourcilière, puis dans un soupir elle se décide à sortir de la voiture et claque doucement la portière avant de regarder son capot fumant avec dépit. Quand il s’apprête à s’en approcher pour l’ouvrir, elle fronce les sourcils et attrape son bras pour l’en empêcher.
« Non. - Quoi ? Demande-t-il surpris. - J'ai dis non. - Mais t’as une autre course dans une demi-heure ? Et t’as pris aucun autre modèle ? »
Le regard qu’elle lui rend en guise de réponse se suffit à lui-même. Agacé par le comportement d’Aurore, il retire sèchement son bras et s’éloigne en rouspétant, sachant pertinemment qu’il ne pourrait pas la raisonner en lui rappelant seulement ses engagements. C’était Aurore. Elle était un peu comme ça. Parfois trop spontanée et impulsive pour se permettre d’être intègre.
Et quand elle se tourne pour ne plus voir le corps malade de sa voiture fumante, sa main cherchant nerveusement son paquet de clopes dans la poche de son bomber Ferrari, ses yeux s’étonnent de reconnaître la silhouette qui lui fait face. Elle fronce ses sourcils, qui tremblent légèrement et bat des cils quand elle comprend qu’il s’agit bien de toi.
Si la plupart de son entourage se doutait de sa passion pour les voitures, elle n’avait jamais eu vraiment l’occasion d’exposer le fait qu’elle courrait avec depuis presque toujours. C’est donc à la fois perturbée, gênée, comme si on venait de toucher à son intimité, et surprise que tu sois ici, qu’elle reste un moment figée à te fixer, sa cigarette pas encore allumée qu’elle roule entre son majeur et son pouce. Après qu’elle ai assimilé et qu’elle soit sortie de sa phase d’étonnement, elle franchie les quelques pas qui vous sépare et regarde dans la même direction que toi, vos épaules alignées.
« Je n’ai pas été mise au courant de ton retour. » dit-elle à voix basse mais assez élevée pour que tu l’entendes, en sortant son briquet. « Je ne savais pas que tu étais friand des courses automobiles. Surtout de ce genre-là. »
Elle avait insisté à la fin de sa phrase grossièrement : des paris pas forcément légaux se déroulaient ici. Enfin, elle allume sa cigarette et se déplace pour être face à toi, son regard rencontrant le tiens pour l’affronter froidement.
« Encore une chose que tu n’as pas pensé nécessaire de me communiquer, j’imagine. » lâche-t-elle en redressant son menton, apportant sa longue vogue à ses lèvres pour inspirer une latte et souffler doucement la fumée par les narines. Et une fois qu’elle juge que ce petit jeu de regard a assez duré, que son message est passé, un sourire égaye faussement ses traits et un air chaleureux surjoué prend place sur son visage. « L'essentiel c’est que tu sois de retour ? »
Voilà douze heures que je suis de retour, et je n’ai pour ainsi dire, pas chômé. La journée a été bien longue, et elle n’est pas finie. Je retourne au bureau dès demain, pourtant il me faut encore m’occuper de Cameron, sans mentionner les comptes et autres courriers reçus durant mon absence. Un tri préalable a déjà été accompli par Aleksander, mais il me faut tout de même y jeter un coup d’œil. N’oublions pas le meurtre qui a eu lieu dans la Forêt Est cet après-midi. Aleks et moi avons analysés la scène afin d’établir la cause de la mort, et le profil du suspect. L’enquête reste en cours, mais nous avons de bons éléments. L’Inhibition latente est particulièrement utile dans ces cas-là. De la simple trace de pas au tissu arraché au coin d’une branche, ce qui prendrait plusieurs heures à trouver est pour moi comme une illumination. Impossible à rater, les choses sont pour moi aussi claires qu’elles ne le sont pour Sherlock. Autant dire que je pourrais faire concurrence au « sociopathe fonctionnel » qu’il est.
Mais ce soir, je me dois de me décontracter. On peut dire que j’ai eu tout le temps, en Allemagne. Pour autant, c’était loin d’être plaisant. Je dois me vider l’esprit après une telle journée. Cette reprise a été… Violente. Des images du confrère assassiné me restent dans l’esprit. La question d’Aleks se trouve une place pour combler le mal de tête arrivant. « Comment faire pour surmonter ceux qui sont morts en notre nom ? » Je soupir et me masse les tempes. On s’occupe. Voilà comment faire. On hoche la tête, et avance. Il n’est pas possible de changer les choses : la mort restera inerte, qu’importe ce qui est fait. Il suffit d’avancer. Et je ne connais rien de mieux qu’une balade en voiture pour cela.
Je me change après une rapide douche et prends les clefs de ma voiture. Un bijou. Détrôné depuis quelques années par la nouvelle série, elle n’en demeure pas moins parfaite pour moi. Et elle porte si bien son nom… Je retourne dans le garage et retire la housse qui protège la Mclaren 650S Spider. Il m’a fallu quelques années pour me permettre d’acheter une telle merveille ; mais une fois dedans, aucun regret. Je prends mon téléphone et appel une certaine personne capable de me faire entrer dans une course. Ces dernières ont bien servit pour l’achat du bolide. Après quelques minutes, il me donne l’adresse. Je m’installe et fais ronronner le moteur. Qu’il est plaisant à entendre… Il ne me faut qu’une vingtaine de minutes pour me rendre sur place. Le bruit des sonos et des personnes me font sourire en coin. Voilà de quoi m’amuser pour la nuit. Le monde s’écarte pour me laisser avancer. Je vois les regards d’envie. Pour les hommes, ils regardent plus la voiture. Pour les femmes, certaines se font bien comprendre juste par leur expression. Je me gare à côté de Tej, l’organisateur de la course. Ou plutôt, celui qui tient les comptes. Je sors et le salue en souriant accompagné d’une tape sur l’épaule. J’adresse un regard aux autres comme guise de salutation.
- Alors, la spider is back ? - Pour ce soir au moins… - La course de ce soir s’élève à 10.000£. Tes poches en sont capables ? - Hé comment ? Tu me prends pour un débutant ?
Nous continuons de discuter jusqu’à ce qu’une présence se fasse à mes côtés. Aurore regarde devant elle et commence la discussion. Tranquillement, je sors mon paquet de cigarette en remarquant le sien. Son regard est froid, mais pas encore assez impressionnant pour me faire frissonner. J’hausse les épaules et amène ma clope à ma bouche.
- Qui a dit que je te devais des comptes ? … Ca fait un bail, Aurore.
Mon sourire s’étire légèrement et je me penche en avant pour qu’elle m’allume ma cigarette sans la quitter du regard. Une fausse chaleur remplace sa précédente expression.
- Je suppose. Tu cours ou tu regardes ?
Je tire sur ma cigarette et regarde autour de moi pour voir la voiture qu’elle pourrait utiliser.
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