Life is about more than just surviving - Rae

Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls ce n’est que par notre amour et l’amitié que nous pouvons créer l’illusion d’un instant que nous ne sommes pas seuls. orson welles.

Je clignai plusieurs fois des yeux pour me tirer de mon sommeil. Allongée sur le dos, je n'avais pas besoin de me tourner de l'autre côté du lit pour savoir ce qu'il en était. Je savais que Lorias était partie. Encore. Je le sentais à la fraîcheur des draps, au souffle régulier qui m'avait bercé cette nuit qui avait disparu, à la froideur de la pièce. Encore sous la couette et pourtant bien au chaud, je frissonnai.
En m'endormant auprès d'elle hier soir, j'avais osé penser qu'en me réveillant, elle serait là. J'avais osé penser que j'aurais pu l'embrasser et m'enfouir dans ses bras. J'avais osé penser qu'elle serait là, tout simplement.

Les minutes défilaient sur mon réveil. Mon regard se perdait dans le plafond. Je me sentais vide. Terriblement. Vide. J'avais osé penser que cette nuit serait différente. J'avais osé penser que Lorias avait compris ce dont j'avais besoin. J'avais osé penser que Lorias avait fait tout ça parce qu'elle éprouvait des sentiments à mon égard.
Mais une fois de plus, elle était partie. Je voyais cela comme une ultime trahison. Je voyais cela comme une nouvelle fois où elle s'était servie de moi. Elle avait profité de la chaleur de mon appartement, de mon lit, de mon corps. A cette pensée, je bondis sur mes pieds et disparus dans la salle de bain où je m'enfuis sous la douche. Prenant un savon, je commençai à frotter avec attention la moindre parcelle de mon corps. Je voulais tout effacer. Son odeur, ses caresses, ses baisers, son souvenir.
Lorsque je m'estimai propre, j'arrêtai le robinet et me sentis plus sale encore. Je l'avais cru. J'avais gobé ses mensonges encore une fois. Passant une serviette autour de mon corps humide, je retournai dans ma chambre pour y retirer tous les draps et les enfourner dans la machine à laver.
Puis je m'écroulai sur le canapé. Face à moi le pot de glace vanille devenue une crème chaude, puisqu'elle avait été oubliée là toute la nuit.

Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls ce n’est que par notre amour et l’amitié que nous pouvons créer l’illusion d’un instant que nous ne sommes pas seuls. orson welles.

Trop éprouvée par tout ce qui s'était passé dès mon réveil, je m'étais endormie sur le canapé, sans même être habillée, toujours emballée dans ma serviette.
C'était un sommeil sombre, sans rêve, ce genre de réveil vide que nous faisons lors d'une sieste. Mais je fus rapidement réveillée par une main qui me secouait doucement. Etait-ce le prolongement de mon rêve ? Qui pouvait bien venir me réveiller ? N'étais-je pas seule dans mon appartement ? Ca n'était pas Echo qui me secouait, c'était sûre. C'était une vraie main humaine. Et cela m'inquiéta, puisque je n'avais pas idée de qui il pourrait s'agir.
Lorsque j'ouvris les yeux et découvris Lorias penchée vers moi qui essayait de me réveiller, je sursautai en m'accrochant à ma serviette.
-L-Lorias, soufflai-je hébétée.
Ou alors tout cela n'était que le fruit d'un rêve ? Peut-être dormais-je encore dans mon lit et qu'elle était toujours près de moi. Peut-être dormais-je encore sur le canapé et avant tant espéré son retour que j'en avais rêvé. Peut-être était-ce simplement la réalité, j'étais bel et bien réveillée et affreusement confuse. C'est la douce odeur qui me parvint qui m'aida à mieux comprendre cette matinée qui n'avait aucun sens. Ca sentait bon la petite pâtisserie encore tiède. Les croissants peut-être. Lorias était partie chercher le petit déjeuner.
Je pensais qu'elle était partie. Je l'ai détestée plus que jamais en l'espace de quelques minutes alors qu'elle voulait juste me faire une surprise.
Mon regard se posa sur elle et je la dévisageai longuement, sans un mot, trop confuse de cette situation pour pouvoir réussir à en dire quelque chose.

J'avais eu si peur qu'elle m'abandonne encore une fois que j'avais élaboré dans mon esprit tout un scénario catastrophe. Alors que Lorias voulait juste me faire plaisir. Comme quoi, j'étais vraiment la pire. Ne pouvais-je pas simplement avoir confiance en elle ? Pas après tout les sales coups qu'elle m'avait fait vivre, visiblement. Mon esprit persistait à me remémorer ces moments, tandis que mon coeur tout fou de ces sentiments nouveau bondissait à chaque contact de la jeune femme.
Ennuyée par mon imagination extravagante, je glissai mes mains sur mon visage.
-Excuse-moi. J'ai pensé que tu étais partie. Elle faisait des efforts, Lorias. Je devais en faire moi aussi. Je devais apprendre à lui faire confiance. Je ne pouvais pas vivre en pensant qu'elle allait semer le mal dans ma vie. Si je l'accueillais comme il se le devait, elle pourrait semer de magnifiques fleurs. Il suffisait de croire en sa bonté. Préviens-moi la prochaine fois d'accord ?

Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls ce n’est que par notre amour et l’amitié que nous pouvons créer l’illusion d’un instant que nous ne sommes pas seuls. orson welles.

C'était un challenge que nous étions en train de nous lancer. Lorias et moi étions radicalement différentes. Nous n'avions pas reçues les mêmes éducations, nous n'avions pas les mêmes visions du monde, les mêmes appréhensions face à des situations similaires. Pendant que Lorias avait pensé bien faire, je m'étais enfermée dans la pensée de l'abandon qui me terrifiait. Alors que j'avais enfin trouvé quelqu'un à qui m'accrocher comme le ferait une moule à son rocher, j'avais bien trop peur d'en être arrachée encore une fois. Et de me retrouver comme une pauvre moule, perdue dans les abysses, subissant la houle de cet océan fougueux. J'étais certaine que Lorias avait beaucoup de choses positives à m'apporter. Elle m'apprendrait à me détacher des choses, les prendre moins à coeur. Elle m'apprendrait à vivre au jour le jour, de saisir les opportunités de la ville telles qu'elles apparaissaient. Et bien d'autres encore. Lorias pouvait m'apprendre une nouvelle vision de la vie.
Mais cela prendrait du temps.
A croire que nous aimions ça. Prendre le temps de construire les choses. Car en y réfléchissant, nous en avions parcouru du chemin. Mais si j'avais tenu bon, c'était parce que j'étais persuadée que Lorias pouvait être une personne rayonnante si on apprenait à la connaître.

La brune se leva, disparut dans ma chambre et revint avec des vêtements propres qu'elle me tendait. J'esquissai un sourire. Avec le nombre de fois où Lorias était venue se servir dans mes fringues, elle savait parfaitement où les trouver désormais. A croire qu'elle connaissait mon appartement mieux que moi. Mon attention se tourna vers un pigeon qui picorait la vitre du salon, louchant sur le sachet de pâtisserie que Lorias venait de ramener. Mon regard glissa sur la brune qui buvait son café. Elle avait une relation surprenante avec les pigeons. Ca ne pouvait pas être du hasard. Etait-ce bien ce à quoi je pensais ? Pouvais-je lui en parler ? Après tout, ça ne faisait quasiment aucun doute.
Je souris bêtement aux paroles de Lorias, puis me levai du canapé. Je lâchai ma serviette pour enfiler des vêtements, ramenai la serviette dans la salle de bain et repris place aux côtés de la brune. Je pris entre mes mains le café et en bus prudemment une gorgée, prenant garde à ne pas me brûler. La température était parfaite et je sentais cette douce chaleur se répandre dans mon corps. Depuis que Lorias était à nouveau-là, je me sentais vraiment mieux. La honte était passée.
Je me serrai contre elle sur le sofa, posant ma tête sur son épaule et serrant la tasse contre moi. J'inspirai son odeur. Elle était là. Lorias était là et ne s'en irait plus. Je devais m'en persuader. Je devais lui faire confiance maintenant.
-Merci pour le ptit déj, soufflai-je détendue car avec tout ça, je n'avais pas encore eu le temps de la remercier.
Puis, un questionnement traversa mon esprit. Lorias n'avait pas d'argent. Avec quel argent avait-elle acheté ce déjeuner ? Me redressant, je retrouvai mon sérieux en l'observant. Elle devait comprendre qu'elle était la nouvelle chose qui me tourmentait. Avait-elle volé ? Dans la boulangerie ? Ou dans mon porte-monnaie pour payer l'addition ? Mais je me tus. Ce serait encore l'accuser, la pointer du doigt, alors que je n'en étais même pas sûre. Mais pourtant, au fond de moi, j'étais persuadée qu'elle avait volé dans les affaires de quelqu'un pour nous offrir ce petit déj...
Je me penchai en avant pour ouvrir le sachet duquel émanait une douce odeur. Il ne s'agissait pas de croissants, mais de muffins. C'était encore meilleur et j'en oubliai le moyen de paiement. En sortant l'un des muffins du sac, les picorements du pigeon à la vitre redoublèrent d'efficacité. Si bien qu'Echo, exaspéré, sortit de sa cachette en hauteur d'une étagère et se posai sur le rebord de la vitre, fixant le pigeon, protégé par le vitre. Les rouge-gorges étaient des animaux territoriaux et Echo ne faisait pas exception à la règle. Il tenait à ce que son territoire soit respecté. Or, ce pigeon empiétait sur ses plates-bandes... Sans compter qu'un rouge-gorge d'appartement était quelque chose de peu courant.

Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls ce n’est que par notre amour et l’amitié que nous pouvons créer l’illusion d’un instant que nous ne sommes pas seuls. orson welles.

J'accueillis le baiser qu'elle déposa sur mon front comme un chaleureux cadeau qui m'emplit de douceur, tout en observant le duel des deux oiseaux séparés par la vitre. Ces pigeons n'étaient pas prêts de lâcher Lorias, tout comme Echo ne me lâchait jamais d'une semelle. Cela expliquait-il quelque chose ? Je fus coupée dans mes réflexions lorsque la brune me questionna quant au sujet de l'oiseau d'appartement. Evidemment que cela devait éveiller des soupçons. Elle devait se demander comment j'avais réussi à dresser un oiseau d'habitude sauvage.
Alors qu'elle se levait du canapé, je trouvai une vaine excuse, bien qu'elle mériterait de connaître la vérité. Mais je ne pouvais tout simplement pas la révéler aux non-initiés...
-Je l'ai recueilli quand il était petit, c'était un oisillon tombé du nid.
Lorias s'approcha du rouge-gorge. Elle tenta une approche en tendant la main vers lui, mais il l'évita. Echo pouvait avoir un sale caractère envers les inconnus, même si Lorias n'en était plus vraiment une... Mais elle empiétait sur ses plattes-bandes, il n'était pas très affectueux envers les nouvelles personnes qui fréquentaient mon appartement. La jeune femme se rabattit sur le pigeon auquel elle ouvrit la fenêtre et le gros oiseau vint se poser sur son poignet. Je me tendis alors qu'elle voulait ramener cette bête sauvage dans mon chez-moi. J'en avais assez vu. J'avais vu ce qu'ils pouvaient faire, c'est-à-dire chier partout et roucouler bêtement. Heureusement, l'animal capta que Lorias parlait mal de lui et se rebella en lui picorant l'avant-bras. La brune le lança à l'extérieur en refermant la fenêtre.
-Le tien non plus il t'aime pas, me moquai-je
Pourtant, en ayant vu l'oiseau s'agiter, il m'avait semblé voir dissimulé sous ses plumes un fameux signe de triangle qui ne m'était pas inconnu. Lorias, elle, fixait son bras lacéré par le bec du pigeon. Son regard paraissait perplexe. Elle avait constaté quelque chose. Avant que je ne puisse réagir, elle revint à moi en m'attrapant la main. Elle souleva la manche de mon pull, révélant ainsi la fameuse marque des élus. Nos regards se croisèrent, puis mes yeux tombèrent sur son propre bras. Incroyable. Les griffures causées par le pigeon formaient le même triangle.

Ca ne pouvait plus être une coïncidence. Son lien aussi exceptionnel qu'étrange avec les pigeons, la marque de l'Anima sur l'un d'eux et ce même individu qui laisse une marque bien visible sur le bras d'une jeune femme. Désormais, tout cela relevait de l'évidence. Lorias ne pouvait être qu'une potentielle. Une potentielle du pigeon suivie de près par l'Anima.
Les yeux écarquillés, je compris rapidement que mon mensonge quant à la trouvaille d'Echo n'allait pas passer pour Lorias.
-Bon, je ne l'ai peut-être pas tout à fait recueilli à la tombée du nid... C'est un petit peu plus compliqué que ça.
Je passai l'une de mes mains dans mes boucles blondes, puis amenai Lorias à reprendre place sur le canapé.
-Ce que je vais te raconter... Tu vas halluciner. Mais je suis sûre que ça va t'apporter beaucoup de réponses.
Je levai l'un de mes bras, tendant mon index et Echo vint s'y percher docilement. Caressant doucement ses plumes, je dépliai son aile gauche afin de révéler le même triangle qu'elle avait vu sur moi, sur le pigeon, et que ce dernier avait dessiné sur son bras.
-J'ai un lien qui me relie aux rouge-gorges, tout comme tu parais en avoir un avec les pigeons...

Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls ce n’est que par notre amour et l’amitié que nous pouvons créer l’illusion d’un instant que nous ne sommes pas seuls. orson welles.

Lorias plaisanta sur la situation qui pourtant était très sérieuse. Mais en y pensant, elle n'avait pas tort. Un pigeon n'avait pas une connotation très agréable ou un physique très flatteur, contrairement à Lorias. Elle rigolait en se disant bien foutue mais j'étais la mieux placée pour confirmer que ça n'était pas une blague. Lorias était vraiment belle. Même croupissante au milieu d'un appartement nauséabond, même mourante sous une foule de pigeons, elle avait toujours ce charme. Cette étincelle dans son regard. Cet air sur son visage. Cette attraction qui m'avait fait persévéré comme jamais je ne l'avais fait avec quelqu'un. Je savais que nous pouvions être heureuses ensemble après ce que nous avions traversé. Nous étions opposées en beaucoup de points toutes les deux, mais ce point nouveau point commun était une chance inespérée. C'était sans aucun doute notre destin qui couronnait d'une belle cerise notre réussite. Notre réussite d'être parvenues à s'entendre, se comprendre, à partager.
-Tout.
Echo avait changé ma vie entière. Lorias ne pouvait pas se rendre compte à quel point. Mais peut-être qu'un jour, si le pigeon la choisit, finirait-elle par le comprendre elle-aussi. Je passai mon doigt une dernière fois sur la tête du petit oiseau qui, s'il l'avait pu, aurait ronronné de bonheur. Puis je tendis mon bras en l'air pour lui donner de l'élan et il s'envola pour se percher en haut de l'étagère où j'avais installé son petit nid d'intérieur. Il savait que c'était l'endroit où il devait être en présence de personne qui n'avaient pas connaissance de ce monde caché afin de ne pas éveiller les soupçons. D'ailleurs, le rouge-gorge devait savoir pour Lorias, puisqu'il s'était montré en tant qu'un oiseau bien docile face à elle.
Je pris le gobelet de café de Lorias qui était posé sur la table pour le lui tendre. Elle allait en avoir besoin. Je commençai à tout lui expliquer. Je n'avais plus aucun doute quant à son rôle de potentielle, alors je ne lui cachai rien. Je lui parlai d'abord du rôle des Animas dans notre monde, puis de celui des potentiels et enfin des élus. Comment ces derniers étaient choisis.
-... le mieux à faire est de rester fidèle à soi-même. L'Anima saura choisir une personne qui lui correspond, expliquai-je.
J'omis pour l'instant les capacités que nous transmettaient les Animas en nous choisissant en tant qu'élus. Je voulais garder cette surprise pour la fin. Alors, afin de poursuivre dans le choix des élus par les Animas, je me lançai dans l'explication de l'Académie, où je travaillais. De l'Alliance, qui étaient ces gens qui oeuvraient pour le bien de ce monde de l'ombre mais essentiel. Je parlai également de la Confrérie. Puis du secret qui entourait tout cet univers...
-Tout ce que je viens de te dire. Tu ne dois le répéter à personne.
Je pris ses mains entre les miennes et plongeai mon regard dans le sien pour donner du poids à mes propos.
-Les humains normaux ne doivent pas savoir. Ca pourrait être dangereux, insistai-je.

Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls ce n’est que par notre amour et l’amitié que nous pouvons créer l’illusion d’un instant que nous ne sommes pas seuls. orson welles.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé à cet instant. Je ne sais pas si c'était l'intensité dans le regard de Lorias. La légereté de mon esprit après la révélation de ce lourd secret. Mais j'étais bien. Je n'avais plus été si bien depuis longtemps. Lorias aussi avait changé du tout au tout. Je ne l'avais jamais vue comme ça. Si détendue. Marrante. Naturelle. Je me surpris à l'en aimer d'avantage. Son baiser confirma mes pensées et je me laissai aller à son étreinte.
Le voile levé sur ce lourd secret semblait nous faire avancer dans la bonne direction. Ce nouveau monde nous ouvrait de nouvelles portes, un nouvel avenir. En lui apprenant tout cela, j'apprenais à faire confiance à Lorias et cette dernière apprenait à me connaître. Nous étions gagnantes dans toutes les situations. Et j'aimais ça.

La brune se sépara de moi, un sourire aux lèvres. Je ne l'avais jamais vue ainsi.  Souriante, elle en devenait plus éblouissante encore. Elle faisait battre mon coeur plus fort.
Lorias s'approcha de la fenêtre qu'elle ouvrit. Au loin, un pigeon rappliqua immédiatement, bientôt suivi par une dizaine d'autres. Tous ces piafs venus de nulle part, à se poser sur Lorias au sein de mon appartement, ça me donna la chair de poule. Il suffisait d'un geste brusque et sous s'envoleraient, semant la pagaille dans mon appart. Les oiseaux se posèrent sur Lorias, jusqu'à la recouvrir. Lorsqu'un dernier se posa sur sa tête, telle une couronne, j'éclatai de rire. Si les oiseaux étaient restés accrochés à elle et qu'ils s'étaient mis à voler tous ensemble, j'étais certaine qu'ils auraient pu la soulever pour la transformer en Superlorias volante.
Lorsqu'elle se secoua et que les oiseaux s'envolèrent en roucoulant, je me préparais déjà à la zizanie qu'ils allaient semer à l'intérieur. Mais tous sans exception sortirent par la fenêtre sans laisser de trace, excepté un plume qui tomba élégamment sur le sol. Lorias me retrouva, me complimentant à sa manière et une nouvelle fois je ris de bon coeur en enfouissant mon visage dans ses mèches brunes en la serrant contre moi. C'était le plus beau matin passé à ses côtés. Mes lèvres se perdirent dans son cou, sur lequel je déposai un doux baiser.
-En même temps, il faudrait être fou pour refuser les avances de Capitaine Pigeon, commentai-je.
Je me séparai d'elle. J'avais beaucoup trop hâte de lui montrer ce dont j'étais capable. Un sourire malicieux suspendu aux lèvres, je fis:
-Et ce n'est pas tout... Je me dirigeai vers une étagère en expliquant: Quand l'Anima nous choisit, il nous offre certains avantages. Je pris entre mes mains le pot d'une bougie que j'avais déjà fait brûler quelques fois. Mes doigts attrapèrent la mèche carbonisée. Cette dernière se mit à chauffer, de plus en plus, puis elle s'enflamma. Fière de mon spectacle, je posai la bougie à plat sur la paume de ma main en la présentant à Lorias.
-On appelle ça des dons. L'Anima nous en transmet trois, qui sont en rapport avec ses caractéristiques ou selon les légendes liées à son animal.
Déposant la bougie dont la douce odeur commençait à se répandre dans l'appartement, je m'avançais vers Lorias.
-S'il te plaît, tu peux m'appeler "Rae la fille du feu" pour voir ce que ça fait ?